back of my mind ☇ pyrowitch

Le soleil entame sa descente lorsque Nathanel circule dans les rues d’Oak Valley direction son loft, traînant son sac de sport bien plus difficilement qu’en début de journée (ou après-midi plutôt, mais c’est du pareil au même, basiquement sa matinée à lui). Son dos le lance douloureusement, néanmoins pas autant que l’hématome sur son flanc qui le fait encore siffler de douleur. Cadeau reçu de ce dernier entrainement et il peste mentalement encore et encore sur celui qui l’a gratifié de ses légères blessures, est tout de même plutôt fier que rien ne soit parti en fumée en conséquence. C’est pas l’envie qui lui a manqué pourtant. Mais il a gardé en ordre ses pulsions, certainement distillées dans toutes les insultes qu’il n’a, elles, retenues. Il a encore tant de chemin à faire sur le contrôle total de son don mais ces dernières semaines se sont accompagnés de réel progrès, beaucoup plus honnêtement qu’il ne l’avait initialement pensé. La raison certaine de cette progression qu’il ne veut s’avouer fait tout de même naître une grimace sur ses lèvres. Gah, bien sûr que Sunny avait raison. Elle l’est toujours, bien qu’il gardera ça sous silence devant sa meilleure amie. « Hey. » qu’un homme interrompt ses pensées. La tête louche, il s’apprête à lui dire de ne pas perdre son temps, qu’il n’est pas de ce bord-là avant que sa requête ne le laisse bouche bée. « What ? » qu’il répète en écho à ses pensées, incrédule. Il le veut lui ? En tant que garde du corps de la triade, la source ou whoever the fuck is in charge this day ? C’est totalement risible, lui arrache même un léger ricanement. D’autre promesse de puissance, de richesse s’ajoute néanmoins à sa proposition le laissant de marbre. Parce qu’il n’a aucun intérêt, certainement aucune envie d’aller jouer les gros bras pour un démon. Nope, lui il est neutre, s’en contre-fiche de cette bataille entre les forces du bien et du mal, veut juste qu’on lui foute la paix pour qu’il retourne à sa routine de défonce, sport et autres soirées. « Yeah, no offense but I’ll pass dude. » Il doit être sous de bonne drogue s’il espère une réponse différente, est presque prêt à lui demander quel est son fournisseur avant de se raviser. Certes, il ne semble vraiment pas impressionnant, lui évoque plus de vagues pathétiques qu’autre chose malgré le danger qu’il amène avec sa présence. « Thanks anyway. » Un pas en avant, il s’apprête à continuer son trajet lorsqu’un nouveau démon apparait se dressant sur son chemin. Maudit momentanément ne pas être à moitié être de lumière ou une connerie du genre pour pouvoir disparaître sans plus attendre. « Fuck off. » qu’il durcit le regard, une flamme naissante entre sa main. Mais une silhouette derrière lui, qu’il n’a apprivoisé, vient se coller contre son dos, sa poigne trouvant directement sa gorge. La prise se resserre et il peut sentir ses pieds décollés du sol avant de se faire projeter à l’autre bout de la ruelle tel une poupée frêle. Atterrissant de plein fouet contre le pavé, il gémit, tousse l’air de nouveau circulant dans ses poumons. Se traine sans attendre de ses avants bras et genoux pour se mettre en retrait de toute autre attaque magique derrière le conteneur à ses côtés. « Shit, shit, shit. » Qu’il geint souffrant, sa main volant sur son flanc espérant amoindrir ces pulsations de douleur. L’adrénaline, l’angoisse prend progressivement part de tout son être et il souffle, essaie de se recentrer pour utiliser son pouvoir passif. Rendu presque totalement invisible, il sait que cette parure ne lui sera utile bien longtemps, n’a jamais réellement marché contre des êtres surnaturels (enfin s’il se fie à Sunny ou sa mère que ça n’a jamais berné, peut-être un truc dans leurs yeux de sorcières ou l’amas magique qu’il dégage comme sa mère avait tenté de lui expliquer).

Maintenant dissimulé à l’intersection d’une autre ruelle, il s’est collé contre le mur, essaie de calmer sa respiration tant affectée par la douleur dans ses membres que la panique adjacente, tente de calculer son prochain mouvement. Mais son invisibilité se lève lorsqu’il aperçoit les premières lueurs bleutées apparaître à ses côtés. Son être de lumière (ou la chieuse, comme il la surnomme dernièrement) a totalement disparu de ses pensées pendant ses dernières minutes, fait extrêmement rare depuis qu’il l’a rencontré. Et il s’en serait certainement réjoui dans n’importe quel autre situation, mis à part celle-ci où il se maudit de ne pas l’avoir appelé dès l’apparition du premier démon. Est pour la première fois soulagé de la voir débarquer (bien qu’un peu nerveux). Il agrippe son poignet en tout hâte pour la tirer hors du chemin à peine qu’elle devient matérielle, la plaquant ainsi contre lui, sa main libre volant enserrer sa bouche. « Shhh. » qu’il lui souffle, le plus bas possible. Avec un peu de chance, ces foutus rayons bleus seront passés inaperçu auprès de ces poursuiveurs. Sa joue retourne se coller contre le mur, se penche faiblement dans l’espoir de repérer leurs positions (ou mieux qu’ils aient miraculeusement disparus). « Ils sont trois. Démons, sorciers ou whateva. » Son cœur frappe son torse dans une chamade infernale et il glisse son regard vers celle dont il attend une quelconque décision, inconscient de la silhouette menaçante se rapprochant d’eux.

La porte se referme derrière elle, ses clés tombent sur le meuble le plus proche, son sac rejoignant le sol bien rapidement tandis qu’elle trace directement jusqu’à sa chambre. Elle a un creux de deux heures avant de devoir rejoindre l’un de ses protégés pour un entraînement corsé et d’ensuite courir au poste de police pour y accompagner l’un des jeunes à problèmes dont elle a la charge depuis peu. L’obliger à pointer parce qu’il retourne à ses travers de délinquant every once in a while et que le lieutenant qui s’occupe de le foutre derrière les barreaux tous les quatre matins perd patience (pas qu’elle ne lui en veuille, en réalité, parce qu’il est déjà en train de jouer sur ses nerfs et elle ne l’a que depuis trois semaines). Elle sait qu’elle devrait profiter de ces deux heures libres pour justement étudier le dossier, réviser pour ses partiels le mois prochain, ou même préparer des potions en avance parce que son stock a cruellement diminué (il faut vraiment qu’elle perde l’habitude de refiler son stock à ses protégés qui décident de faire la chasse aux démons) mais elle est crevée, épuisée même mentalement, et tout ce qu’elle parvient à faire une fois la porte de sa chambre poussée, c’est de s’écrouler sur son lit. Le visage enfoncé dans l’oreiller, elle se promet silencieusement de se reposer qu’une poignée de minutes, à peine dix, juste le temps de fermer les yeux et de les rouvrir et d’ensuite se mettre au boulot pour de vrai. Pense vaguement qu’elle devrait peut-être programmer un réveil mais ses bras restent le long de son corps et elle est trop lasse pour redresser la tête et faire le moindre mouvement – alors tant pis. De toute façon, elle ne dormira pas vraiment, qu’elle essaie de se convaincre. Naaah. Juste une micro-sieste, comme on dit dans le jargon médical (ou pas, elle en sait rien en fait, mais elle va dire que oui parce qu’elle a entendu l’expression dans un Nightmare on Elm Street et qu’elle a plutôt accroché à l’idée). Elle inspire, les paupières closes, souffle lentement et dérive vers Morphée avant même de s’en rendre compte.

Danger. Elle se réveille en sursaut, se redressant dans un mouvement brusque. Ses sens sont en alerte, et quelque chose hurle dans son crâne, la peur étreint son cœur, lui retourne les tripes. Elle est submergée, trop soudainement et elle écarquille les yeux pour essayer de trouver la source de cette panique qui la prend mais il n’y a rien – elle est dans sa chambre. La réponse surgit en une fraction de seconde, avec ce tintement de clochettes qu’elle entend quand il est question de ses protégés et elle se relève complètement. Which one ? Le visage de Wilson flotte dans son crâne et, encore bouleversée par le flot irrégulier qu’elle semble recevoir, elle parvient finalement à le localiser. He better be in a real danger. Elle s’éclipse sans réfléchir plus longtemps.

Elle n’a pas le temps de voir la rue se former complètement devant elle, ni même de s’assurer qu’elle est bien dans la bonne rue qu’elle se sent être tirée par le poignet. Elle ouvre la bouche pour laisser un cri de surprise mais une main s’abat sur ses lèvres, les scellant et sa peur s’accroît un peu davantage sans qu’elle ne sache si c’est la sienne ou bien celle de son protégé qu’elle ne voit toujours pas. C’est alors qu’elle entend la voix et, malgré elle, elle pousse un soupir de soulagement parce que ce n’est que Wilson. Un Wilson complètement chamboulé et qui a les émotions en vrac comme elle ne lui a jamais connu. Elle lui fait signe qu’il peut la relâcher et elle en profite pour imiter sa position contre le mur. Elle se retient de rouler des yeux devant son incertitude parce qu’elle perçoit l’inquiétude qui émane de lui, la peur qu’elle voudrait trouver contagieuse mais elle sait que c’est son empathie qui l’absorbe – malgré elle, parce que ça lui fout les idées en vrac. « Tu sais ce qu’ils te veulent ? » Mais il n’y a de réponse qui se forme parce qu’une ombre se profile sur le sol et elle a juste le temps de relever les yeux, Patience, qu’elle aperçoit le démon qui approche dans le dos de Wilson. Elle le tire pour le placer derrière lui, lève les mains pour figer l’attaquant mais son pouvoir inefficace et of course fallait que Wilson attire parmi les plus puissants. Arg et dire que c’est Tam qui a hérité des pouvoirs offensifs, quelle plaie. Il y a un rire de la part du démon et elle se vexe, Patience, parce que ok elle est sûrement pas la plus effrayante du lot (mais ils ont l’avantage des yeux rouges qu’elle a pas, faut dire, c’est un concours injuste) mais de là à se marrer, y a une petite limite. Du coin de l’œil, elle aperçoit une bouche incendie et le coin de ses lèvres s’étirent. « Hope you know how to swim, » grince-t-elle avant de tendre une main vers l’objet et de canaliser l’eau. La bouche éclate, et l’eau se dirige en un jet puissant vers le démon, le projetant à plusieurs mètres. Déjà, elle se détourne pour de nouveau prêter son attention à Wilson mais les deux autres démons sont là, eux aussi, leur bloquant le passage et elle retient l’injure entre ses dents. « J’espère que tu t’es entraîné, Wilson, parce qu’on va avoir besoin de tes pouvoirs. » Elle lance un regard aux alentours, regrettant une fois de plus de ne pas avoir hérité de la télékinésie de Prue et de sa mère. L’eau continuant de pleuvoir derrière eux, une idée lui traverse soudainement l’esprit. « Quand je te fais signe, tu projettes ton feu dans ma direction, » souffle-t-elle entre ses dents à Wilson. Lui lance un regard pour lui signifier de ne pas discuter – de juste lui faire confiance. Parce qu’elle sait qu’ils ne seront pas assez forts pour se débarrasser d’eux sans avoir réfléchi à un vrai plan (ou plutôt, sans avoir jeté un coup d’œil dans le Livre des Ombres et pour avoir le temps de s’y rendre, il faut qu’ils puissent échapper à l’attention des démons). La main droite le long de son corps, elle essaie de reprendre le contrôle sur l’eau, adresse un signe de tête à Nate. Le feu rencontre l’eau, les éléments fusionnent et une fumée, blanche, épaisse, ne tarde pas à jaillir du mélange. Elle attend que les silhouettes ennemies aient disparu dans le brouillard improvisé pour attraper Wilson par la manche et s’éclipser avec lui. « Ok, tu as deux minutes pour me dire exactement ce qu’il s’est passé et ce qu’ils te veulent. S’ils t’ont trouvé une première fois, ils vont pas tarder à te localiser à nouveau. » Sans le lâcher, elle monte les trois marches qui les séparent du manoir familiale dans lequel elle pénètre en furie. « Piper ? » Mais le silence lui répond et elle grimace. Elle avait compté sur l’espoir (mince) que sa tante soit présente pour mettre toutes les chances de leur côté. Relâchent finalement Wilson, elle entame l’ascension jusqu’au grenier pour jeter un coup d’œil dans le Livre. « Tu dois savoir que toutes les familles de sorciers ont un Livre. Un grimoire, peu importe le nom qui lui est donné. Toutes les générations précédentes ont, normalement, consigné les potions, formules, espèces rencontrées. Si tu n’as jamais regardé dans ton grimoire, well… Il faudrait peut-être que tu commences. » Elle ouvre la porte du grenier et se dirige vers le Livre avec l’espoir de trouver quelque chose d’utile.

Son corps plaqué contre le sien le distrait un court instant, pas suffisamment néanmoins pour qu’il en oublie les êtres maléfiques à ses trousses, l’angoisse qui s’injecte dans chacun de ses membres. Il la relâche à son signe, va se coller contre la paroi pour tenter de déterminer la position des démons qu’il évoque à Patience en gardant une voix neutre presque agacé, habitué à dissimuler ses émotions. Mais il sait que son cœur tambourinant dans sa poitrine, la peur retournant son ventre ne peut être camouflé de l’empathe à ses côtés. Son visage s’oriente, son regard glisse vers le sien pour répondre à sa question mais elle le tire derrière elle avant que le moindre mot n’ait pu s’échapper. Le démon s’est glissé derrière lui sans qu’il ne le remarque et il assiste à l’échec du pouvoir de son être de lumière, aigre. Sa mâchoire se contracte, ses yeux roulent dans un automatisme parce qu’ils n’ont pas le temps pour de l’incompétence ou des adversaires overpowered. Le démon rit à son visage avant qu’il ne se fasse éjecter quelques mètres plus loin mais il n’y voit, sentant une présence derrière lui il se retourne pour découvrir les deux autres démons leur barrant la route. Il se concentre mais ses émotions en vrac endiguent les flammes qu’il voudrait prête à jaillir. Une grimace déforme ses traits à l’espoir qu’elle vocalise. « Awesome. » qu’il peste entre ses dents. Parce que non l’entraînement n’a pas été dans ses tops priorités cette dernière semaine, espère que celles d’avant compenseront. Ses sourcils se froncent à l’ébauche de plan qu’elle évoque et sa bouche s’ouvre pour lui demander son problème. Pour une fois, il n’a certainement aucune envie de l’enflammer ou même de la blesser. Mais son regard est suffisant pour couper court à ses interrogations, opine plutôt décidant de lui accorder toute confiance. Il est perdu dans cette situation, peut compter ses interactions avec des forces démoniaques sur seuls les doigts d’une main au contraire de son être de lumière. Et autant qu’il a pu douter de ses habilités, il ne peut maintenant qu’espérer qu’elles seront suffisantes pour les tirer de cette situation délicate. Il souffle, se tient prêt, répète et répète des prières silencieuses pour que ce nouveau don ne le lâche au moment le plus précieux. Ses deux bras tendus à son signal, il délivre deux rayons de flammes qui viennent frapper l’eau qu’elle dérive. Les éléments opposés se rencontrent pour former une épaisse brume les séparant de ses poursuiveurs, leur silhouette finissant par disparaître totalement. Il s’apprête à les surprendre, essayer plutôt un combat au corps à corps, espérant en mettre au moins un dans les vapes mais il sent cette prise sur son bras le coupant dans son élan. L’instant d’après ils se retrouvent à l’extérieur d’une maison, reprend de justesse son équilibre pour ne pas s’échouer à terre peu familier avec la téléportation (voir même pas du tout, puisqu’il s’agit de sa première expérience). A peine a-t-il le temps d’apprivoiser son nouvel environnement qu’elle le tire de nouveau, l’embarquant à travers le manoir. « Where are we ? » qu’il jette un dernier regard derrière lui avant que la porte ne se referme. Son constat vient alimenter le stress courant ses veines, n’a même pas pensé à ça. Doit-il s’attendre à les voir maintenant débarquer jusqu’à qu’ils ne les anéantissent ? Et même s’ils arrivent à venir à bout de ces trois démons, qu’est ce qui empêcherait cette entité d’en envoyer d’autre sur son chemin ? Ses pensées s’embrouillent, s’accélèrent devant les divers scénarios qui se jouent sous ses yeux. « Fuck… This is fucking crazy. » murmure-t-il, sa main libre allant tirer ses cheveux.  Dommage qu’il ne puisse s’armer d’un drapeau blanc pour les forces du bien et du mal les laisse en dehors de leurs conneries. « Who’s Piper ? » qu’il lui demande en écho à son appel. Avant de le balayer d’un mouvement de tête, se recentrer sur ses questions auxquels il n’a répondu tant absorbé dans ses craintes. « Hm, I was just heading home… » Shit, il a abandonné son sac dans la fuite. Heureusement l’argent n’est pas un inconvénient, peut facilement racheter son équipement, ou même une bonne centaine, sans se mettre dans la merde néanmoins la perte de son maillot est beaucoup plus problématique. Va se faire mettre au banc pour au moins deux semaines avec ces conneries. « … et y a c’gars qui est apparu pour m’proposer de devenir un membre de la garde rapprochée de la nouvelle Source. J’lui ai dit de ‘fuck off’ et ces potes se sont ramenés. » la met-il à jour, concis. Peut-être ça fera un peu plus de sens pour elle. Parce qu’il n’a foutrement aucune idée de pourquoi ils viennent l’emmerder lui. « I didn’t call you. » que la réalisation le frappe lorsqu’elle le relâche. «  How did you know ? » A ses talons, il la suit grimpant les escaliers, a à peine le temps de remarquer les photos décorant les murs mais pas assez pour qu’il puisse s’y attarder. Déjà, elle reprend évoquant ces grimoires familiaux qui font naître une grimace sur ses traits. « Are they gonna keep going after me ? I have no fuckin’ idea where this thing is. » Certainement dans les cartons qu’il n’a jamais eu le cœur d’ouvrir, ou pire, chez son père… et franchement, aucune de ces solutions ne lui convient. D’autre marches et ils arrivent finalement au grenier où il la suit jusqu’à son propre grimoire familiale. Son regard se pose sur la couverture du livre avant qu’elle ne l’ouvre, élément cliquant ses souvenirs, les maintes histoires de sa mère sur cette famille de sorcière. « Wait, is that… » Le livre des ombres. Damn, mais ça signifie… « T’es une Halliwell ? » que ses pensées se formulent à voix haute. Son cœur se pince, il peut encore entendre la voix de sa mère vanter les mérites et les épreuves que cette lignée a traversé, peut même imaginer son excitation en apprenant qu’une est devenue son être de lumière. Il balaye ses pensées, secouant la tête, il n’est pas bon avec les émotions, en a déjà suffisamment à réprimer en cet instant pour rajouter une vague de deuil qu’il n’a jamais vraiment fait.  C’est vraiment pas le moment. « So are you going to find something fucking usefull in there ? Ou on attend juste qu’ils nous tombent dessus ? » qu’un peu de venin s’extirpe comme pour compenser, se remettre dans ce rôle qui l’aide à se couper. Sa main vole à son flanc inconsciemment, l’adrénaline court toujours ses veines mais il peut sentir vivement ses pulsations de douleur sous son épiderme. « Wait, one of them looked like this. » qu’il l’arrête, sa main libre s’abattant sur la page avant qu’elle ne la tourne. Démon de niveau supérieur peut-il lire, accompagné d’une incantation qu’il espère qu’ils seront assez puissants pour l’aboutir.

Obligée de réfléchir en un temps record, Patience, elle a pris l’option qui faisait le plus de sens sur le moment. Celle qui leur offre une potentielle porte de sortie plutôt que de finir en mission suicide en essayant de se frotter de trop près avec ces démons qui semblent plutôt bien résister à ses pouvoirs à elle (et les démons baignant, par définition, dans les flammes de l’enfer, elle n’est pas totalement certaine que le pouvoir de Wilson soit des plus efficaces contre eux parce que si elle croit la logique Pokemon, le feu craint l’eau, mais pas le feu). Le manoir les surplombe donc et elle entraîne son protégé à sa suite, ne lui lançant qu’un bref regard par-dessus son épaule. « Safe. » Du moins l’espère-t-elle mais elle le juge déjà suffisamment agité sans qu’elle ait besoin de lui rajouter une vague de stress supplémentaire – surtout que toute émotion négative qu’il puisse ressentir en cet instant finira par lui retomber dessus à elle, thank empathy, c’est donc d’autant plus une bonne raison pour ne pas lui dire que c’est temporaire, que les démons viendront sans doute les attaquer ici. Parce que s’ils l’ont trouvé une première fois, il y a fort à parier qu’ils le localiseront une seconde fois. Elle s’enfonce un peu, appelle sa tante mais seul le silence lui répond et elle grimace, Patience, parce que nul doute que Piper aurait su éliminer les démons à la sauvette qui sont à leurs trousses. Un petit coup de mains levées et ils auraient explosés et ils auraient été tranquilles – parce qu’avec ça, elle, elle va en retard pour toute l’aprèm. « My aunt. And the owner of the house, » qu’elle précise avec un haussement d’épaule avant de grimper les premières marches de l’escalier pour rejoindre le grenier au plus vite. Elle hésite à appeler sa mère pour lui demander son aide, son avis (ou n’importe quoi, vraiment) mais se rappelle qu’elle est censée agir en tant qu’être de lumière et non pas sorcière et qu’elle se doit de donner les bons outils à Wilson pour les prochaines fois. Préfère toutefois ne pas encore envisager cette possibilité et demande plutôt des informations au jeune homme pour essayer d’éclaircir le mystère. Pourquoi lui et pas un autre. « Wait, garde rapprochée de la Source ? » Shit, shit, shit. S’ils viennent faire la commission pour la Source herself, ça signifie que les démons sont encore plus puissants qu’elle ne l’avait estimé – mais aussi qu’il y a de fortes chances pour qu’elle revienne à la charge soit jusqu’à ce que Nathaniel la rejoigne dans ses rangs, soit jusqu’à ce qu’il soit mort. Elle se mord l’intérieur de la joue, s’apprête à grimper jusqu’à l’étage supérieur mais sa question l’arrête et elle fronce les sourcils. Prise au dépourvue parce qu’elle n’y a pas tellement réfléchi, agissant dans la seconde pour ne pas risquer de faire face à une vision terrible. « I… I don’t really know, I hear one of my protege was in danger and next thing I know, I knew it was you so I came right away. » Elle fronce les sourcils, semble maintenant se souvenir que ça lui était déjà arrivé la première fois que son instinct d’être de lumière s’est déclaré avec Peyton – bien avant que son don d’empathie ne se déclare. « It must be one of my whitelighter power. » Mais ce n’est qu’une supposition parce qu’elle ne s’est pas davantage posé la question après le cas Peyton (bien trop excitée à l’idée de se découvrir la capacité d’être de lumière et de découvrir que sa première protégée était sa cousine) et note d’en toucher un mot à Leo. « It’s a possibility, if I were you, I’d find it soon. » Elle ne veut pas l’alarmer, mais préfère ne pas lui mentir non plus. « Si la Source te veut comme garde rapprochée… Well, disons juste qu’elle est plutôt du genre persévérant. » Plus de huit ans passés à essayer d’assassiner les sœurs Halliwell ne pouvant que confirmer ce trait de caractère – ou alors c’est du pur masochisme, ce qui n’aurait rien d’étonnant, en réalité. Elle ouvre la porte du grenier et se dirige sans plus de cérémonie vers le Livre, toujours conservé sur son pied et fermé et comme à chaque fois qu’elle a besoin de s’en servir, elle sent un peu d’appréhension qui lui noue les entrailles jusqu’à ce que ses doigts ne courent sur la couverture et qu’elle ne l’ouvre. Elle ignore l’amorce de question qu’il veut lui poser, déjà concentrée à essayer de parcourir les premières pages qu’elle tourne avant de redresser la tête et de lui lancer un regard. « Yeah, of course I’m a Halliwell. » Il y a un peu de jugement parce qu’il est quand même sacrément long à la détente – mais c’est alors qu’elle se rappelle que le nom qui figure sur tous ses papiers est en réalité celui de son père, Mitchell, parfois accompagné du Matthews de sa mère et elle grimace. Oopsie. « Oh right, I never told you, » qu’elle réalise alors, prenant maintenant conscience qu’elle ne l’a dit en réalité à quasiment aucun de ses protégés alors que, damn, ça pourrait peut-être l’aider à se faire plus facilement obéir de ces teignes. Après tout, Halliwell était synonyme de pedigree exemplaire au sein de la communauté magique. « Yeah, well… Now you know. I’m a Halliwell and this is our house. Now please, I need you to concentrate. » Pas que souligner les exploits de sa famille (sa mère et ses tantes, en réalité, les aïeux ayant été légèrement moins efficaces dans leur lutte contre les démons – à part pour Gram’s mais Gram’s est une autre histoire – même si ce n’est pas un concours) ne lui plaise pas, elle se ferait même un plaisir de lui conter la généalogie de ses ancêtres. Une fois qu’ils seront débarrassés des démons. « T’as sérieusement l’intention d’être un petit con maintenant ? Non parce que si tu préfères, je te ramène là-bas et je te laisse te démerder tout seul. » Elle lève le nez, un poing trouvant place au creux de sa taille, la langue gonflant sa joue avant qu’elle ne se force à souffler. « Crois-moi, mes tantes sont des super ninja du monde magique, et je sais qu’elles ont rencontré des démons aussi puissants. Même à cette époque, » qu’elle rajoute entre ses dents, craignant maintenant que ses souvenirs soient confus – mais quand même pas à ce point. Elle reprend son feuilletage accéléré, se fait interrompre par un ébrouement de Wilson et elle laisse la page retomber d’entre ses doigts, lit l’intitulé et sent son cœur se serrer. Fuck. « Bon, faut espérer qu’on arrive à les séparer. » Les éliminer les uns après les autres, diviser pour conquérir. « Continue de feuilleter le livre au cas où tu reconnaisses les deux autres. » Elle se précipite vers la malle où elle sait que les pierres sont entreposées, en tire une huitaine. De quoi coincer deux des trois démons. Mieux que rien, essaie-t-elle de se consoler avant de faire un tour sur les étagères pour essayer de reconnaître une potion pouvant les aider. De nouveau l’envie de faire appel à sa mère se fait sentir et elle lutte, malgré sa propre angoisse sourde. « Ok, je vais déposer les pièges, reste ici. » Les mains pleines, elle se précipite au rez-de-chaussée, entrepose quatre pierres dans le grand salon, quatre autres dans le corridor principal. Elle retourne dans le grenier. « T’es capitaine de ton sport, non ? Tu dois avoir l’habitude de faire des plans pour piéger tes adversaires ? » Elle espère sincèrement qu’il ne va pas tout remettre sur le profit de son coach, pas vraiment tentée de demander à un coach sportif une méthode pour coincer deux démons pile où ils le veulent.

Sa réponse évasive fait naître une grimace sur ses traits, qui ne peut que s’accentuer lorsqu’elle lui révèle la propriétaire de la demeure soi-disant ‘safe’. « Un truc du genre. » Tant ébahi par la proposition farfelue, il ne s’est attardé sur ses termes, bien trop anxieux de le faire disparaître pour retrouver le confort de son loft. Mais l’idée est bien là. Et en vu des traits de la sorcière, ça n’a l’air d’une bonne nouvelle. Ugh, quelle journée de merde. Qui aurait pu néanmoins être bien plus désastreuse si son être de lumière n’était pas venu à sa rescousse grâce à son appel. Wait a minute. Parce qu’il ne l’a, justement, appelé. Sa réponse le laisse silencieux, ponctué d’un seul froncement de sourcil. She heard him ? Tant confus qu’intrigué par ce lien psychique. « Like you don’t have enough. Won’t complain this time tho. »  Il lui doit sa peau, il en est bien conscient, s’est fait dépassé en un temps record devant ces démons. Partagé entre l’envie de la blâmer pour son manque de préparation tant que la remercier d’être venue à son secours malgré leur relation chaotique, aucune ne finit par franchir ses lèvres, la laisse plutôt le guider à travers le manoir.  Lui foutre un nouveau coup de pression lorsqu’elle évoque ce grimoire familial, la possibilité presque inévitable qu’ils finiront par revenir à la charge jusqu’à… qu’il soit intégré dans leur rang ou mort, certainement. Aucune de ces conclusions n’est à son goût. « Fucking hell. She couldn’t choose another fucker. » qu’il grogne, pas pour le moins flatté. Un véritable cauchemar dépourvu de sens. Pour sûr qu’on lui a rapporté de fausses informations, il est certain de n’avoir le pedigree pour rentrer dans ce genre de listes sélectives… ou c’est vraiment la dech en enfer. « There’s must be a spell to cloak me. » Idée qui se coupe alors qu’elle dirige vers le Livre l’armant d’une réalisation. Ce qui aurait du être le cadet de ses préoccupations, ne peut s’empêcher néanmoins de former ses questions à voix haute. Parce qu’elle est une Halliwell et ça, à l’instar des démons dans l’allée, il ne l’a vraiment pas vu venir. Son ton piqué de jugement lui fait arquer un sourcil. Pas qu’il s’y soit vraiment intéressé mais comment aurait-il pu savoir, lui, qu’elle descend de cette lignée des plus célèbres dans leur monde magique ? « I’d remember. » Ce genre d’information n’aurait été oublié, n’aurait également certainement rien changé à leur relation à l’exception de peut-être plus de curiosité, moins de méfiance. Et bien qu’il ne l’avouerait, se retrouver là, dans ce qu’il suppose être maintenant le manoir des Halliwell, insuffle un peu d’émerveillement dans l’adrénaline pulsant ses veines. Indépendant à sa volonté, son esprit ne peut que venir lui rejouer l’admiration de sa mère pour cette lignée, les dizaines voir centaines d’histoires qu’elle lui avait conté démontrant tant leur bravoure que leur puissance. Fait accumuler les questions qui restent néanmoins muettes entre ses lèvres. « I am. » qu’il rétorque du tac au tac, repoussant les pensées de la défunte. Sa posture, son nez levé est une distraction bien venue, she doesn’t take any of his bullshit. She never did. Et bien que ça a tendance à effriter ses nerfs, il ne peut se nier (enfin si, il le peut et met toute son énergie pour enterrer ce genre de pensées) qu’elle est foutrement hot quand elle le fait, la rend bien plus intéressante que la majorité de la gente féminine qu’il côtoie. Que ça l’amuse même. « Pff, t’en aurais pas les couilles. » qu’il arque un sourcil, cachant son anxiété, mais aussi le coin de ses lèvres qui menace de s’étirer. « They better. » souffle-t-il entre ses dents. Plus vite ils trouveront comment se débarrasser de ses démons, plus vite il pourra passer à la partie ‘oublie de cette journée’. Mais les chamailleries s’envolent lorsqu’il repère ce visage familier, abat sa main sur la page pour la maintenir en place. Il reconnaît ce dessin, une victoire maigre en vu des traits de la sorcière. Shit. « Well, that’s fucking reassuring. » Parce qu’il n’aime ‘espérer’ quand sa peau est en première ligne. L’anxiété revient aisément de plein fouet après ces quelques secondes d’interlude, maudit intérieurement encore et encore tant ces démons que ses propres pouvoirs. Fulminations qui se halte à sa demande qu’il acquiesce, se place devant le grimoire pour balayer les pages alors qu’elle glisse jusqu’à la malle à leur côtés. Les écrits défilent sous ses yeux pressés, lui rappelle une nouvelle fois son ignorance dans ce domaine ne reconnaissant que peu de ces entités maléfiques cataloguées. Si ses pouvoirs deviennent une source d’intérêt auprès du monde d’en bas, il ne pourra échapper à essayer tant bien que mal de combler ses lacunes ce qui est loin, très loin, de le réjouir. Nate a toujours apprécié sa condition de sorcier, en particulier ce pouvoir d’invisibilité l’ayant sorti de quelques situations hasardeuses, malgré son manque d’intérêt mais pour la première fois, il aurait hésité à échanger son statut pour celui d’un simple mortel s’il en avait la possibilité. Les bras chargés de cristaux, elle est déjà prête à quitter le grenier et il mord sa langue empêchant l’instinct de lui demander de se dépêcher, opine simplement son regard retournant sur les pages qui défilent sous ses doigts. Elle n’est, heureusement, pas longue pour revenir, les bras déchargés des cristaux certainement disposés à travers le manoir. « J’en ai trouvé un autre. Aucune idée pour le troisième. Des dessins manquent sur certaines pages. » qu'il relève la tête pour lui jeter un regard. Pas qu’il va critiquer le fameux livres des ombres… mais un peu quand même. (Bien qu’il y a plus de chance qu’il l’ait simplement raté.) « Am not. » N’a jamais vraiment poursuivi cette position, à l’aise dans son poste mais surtout peu enclin à s’accumuler d’autres responsabilités. Il préfère les fuir. « You’re supposed to be the brain of this, ya know ? » Parce qu’elle est une foutue Halliwell en plus d’une être de lumière, ça ne doit pas être son premier rodéo à son contraire. Ses altercations avec les forces du mal peuvent se compter sur les doigts d’une main et aucunes ne s’apparentaient à celle-ci. Bien au contraire, de simples coïncidences à se trouver au mauvais endroit au mauvais moment contre des démons de bas étages qui ressemblaient plus à des sans-abris tarés qu’autre chose. « Fuck, j’vais finir en appât... » qu’il grince, une main allant rabattre ses cheveux pour les tirer légèrement. Une très mauvaise idée, la seule pourtant dans son esprit, certainement dans le sien également, qu’il désespère. « Can you glamour ? » vocalise-t-il en écho à ses pensées.  Ce qu’il regrette à l’instant où une nouvelle boule d’anxiété vient s’ajouter à l’amas déjà bien présent, préoccupé qu’il puisse la kidnapper jusqu’en enfer ou pire, prenne un coup fatal à sa place. Ce qu’il balaie l’instant suivant parce qu’il n’est pas censé s’en soucier, ne l’aurait fait seulement quelques semaines auparavant. C’est son job qu’il se répète. « Ca pourrait les perturber et si on s’coordonne, les mener tout droit dans tes pièges de cristaux. » finit-il finalement cette ébauche de plan qui s’échafaude dans son esprit. « Tu les as posés hein, ces pièges ? » qu’il demande confirmation, lui glissant un regard, un sourcil arqué. Non parce qu’avec elle, on sait jamais.

Les yeux qui roulent dans leurs orbites, le soupire qui voudrait s’exfiltrer de ses lèvres pincées et la réplique mordant qui ne demande qu’à s’échapper pour lui foutre une gifle virtuelle, Patience se retient néanmoins, bien consciente qu’il n’a pas tout à fait tort – son côté hybride a considérablement rallongé sa liste de pouvoirs, tant et si bien qu’elle-même en perd le compte et avoir un pouvoir qui pop au milieu de nulle part devient un peu lassant à la longue. Elle veut bien garder l’éclipse et, pourquoi pas, ce lien télépathique avec ses protégés (ainsi que l’omnilinguisme parce qu’elle a toujours rêvé de parler plusieurs langues sans jamais chercher à s’y mettre vraiment alors les parler sans même les apprendre, c’est quand même grave classe), mais ne dirait pas non pour au moins diminuer tout le reste histoire d’avoir un peu la paix. Elle empêche donc sa répartie de lui échapper, le guide plutôt jusqu’au grenier et tant pis si c’est censé être top secret et que personne n’est supposé voir le Livre des Ombres (de toute façon, celui-ci est toujours moins complet que celui auquel elle est habituée). « A qui le dis-tu, » souffle-t-elle entre ses dents, parce que clairement, pour que la Source réclame Wilson en tant que garde rapprochée, c’est qu’elle n’a pas passé une seule heure (ou même demi-heure, vraiment) en sa compagnie. Sans quoi, elle en aurait choisi un autre, d’allumeur de feu. A moins d’avoir un côté maso ce qui, provenant de la source de tout ce qui est maléfique, n’aurait rien de bien étonnant (même si, pour une raison qu’elle ignore, elle en doute, Patience). Elle n’entend qu’à moitié son idée, suffisamment concentrée pour toutefois réaliser que ça devrait faire partie de ses fonctions d’être de lumière et étant donné qu’il s’agit du don principal de Wilson, il y a peut-être à creuser de ce côté-là (dans l’éventualité où ils ne parviennent pas à détruire cette triade de démons, en tout cas, parce qu’elle se voit mal le rendre invisible pour le restant de ses jours). Elle n’a pas le loisir de pousser la réflexion jusqu’au bout, ni même de se demander si elle peut vraiment le rendre invisible, si ça peut se faire de façon partielle ou si elle va devoir contacter Léo pour le harceler sur la question qu’il change de sujet, amenant son ascendance sur le tapis sans qu’elle ne s’y attende. Elle sait, pourtant, que les Halliwell ont leur réputation qui n’est plus à faire dans le monde magique, mais ça ne l’empêche pas d’être surprise de constater que même Wilson a entendu parler de sa famille – et peut-être qu’il n’est pas totalement stupide ou ignorant sur le monde magique, finalement, il reste encore un peu d’espoir pour en faire quelque chose. Elle chasse pourtant le sujet rapidement, pas le temps, pas le moment, de s’y attarder. La patience effritée, l’agacement ayant pris place sur ses traits, elle hausse un sourcil au challenge. « Don’t tempt me. » Elle s’efforce d’avoir l’air bien plus assurée qu’elle ne l’est réellement, parce qu’autant l’idée de le balancer en pâture aux démons est tentante, autant elle a conscience qu’elle culpabiliserait aussitôt et elle n’est pas certaine de vouloir éprouver le moindre regret pour une tête de con telle que lui. Non, c’est même sûr, elle ne voudrait pas avoir à éprouver de sentiments négatifs à cause de cet idiot arrogant, peu importe qu’il ait l’air charmant quand il se pare de cet air de défi. La recherche avance légèrement quand il reconnait l’un des démons, pas que ce soit vraiment une bonne nouvelle (à ce prix-là, elle aurait encore préféré qu’il n’en reconnaisse aucun et qu’ils improvisent, même si c’est grosso modo ce qu’ils vont être obligés de faire quoiqu’il arrive, il semblerait). Elle lui pardonne son sarcasme et le ton de sa voix, préfère remettre ça sur l’anxiété qui continue d’émaner de lui et qui menace de venir la ronger elle aussi d’un instant à l’autre. Pas le temps de s’y arrêter, elle préfère compter sur les minutes qu’ils ont de libres pour les mettre à profit en installer des pièges ici et là à travers le Manoir, récupère les pierres et retourne au rez-de-chaussée pour tout installer. Elle s’efforce d’être stratégique, de positionner ses pièges là où les démons ont le plus de chance de se tenir mais elle n’est certaine de rien, se fie aux récits racontés par sa mère durant son enfance (sait, par exemple, qu’un grand nombre de démons ont tendance à se tenir vers l’entrée, pile en face de la grande horloge qui est, par conséquent, souvent victime de leurs boules de feu, d’électricité ou d’un valsage de sorcière). Elle est rapide à retourner au grenier, s’approche aussitôt de Wilson pour jeter un coup d’œil sur la page qu’il tient ouverte. « Merde, il faut une potion pour vaincre celui-là. » Elle relève la tête, essaie de repérer l’étagère où sont rangées les fioles de potions mais n’en repère aucune qui puisse correspondre à ce qu’ils recherchent. Of course. Ca aurait été bien trop beau, de toute façon, certaine que ça aurait dissimulé une date de péremption insoupçonnée ou une connerie du même goût. « T’es fortiche en potion ? » l’interroge-t-elle avec les sourcils arqués, sans vouloir le presser – mais ce serait quand même mieux s’il était pas totalement nullissime en matière de magie s’il veut s’en sortir vivant de cet affrontement à venir. « Actually, I’m only here to guide you, this is your fight, I’m not supposed to intervene at all. » Du moins, pas avec ses pouvoirs personnels mais elle ne le précisera pas, préfère encore qu’il la pense interdite d’intervention totale pour qu’il apprenne à se sortir les doigts du cul. L’idée qu’il doive servir d’appât la traverse à l’instant où il l’évoque à voix haute et elle doit se retenir de sourire pour montrer sa satisfaction (sans doute qu’elle est pas censée être ravie que son protégé ait besoin de risquer sa peau pour qu’ils puissent botter le cul d’une triade de démons), fronce les sourcils à sa question mais, alors qu’elle ouvre la bouche pour lui répondre, elle ressent de nouveaux les émotions qui le submergent et elle s’oblige à effectuer un pas dans sa direction, pose les mains sur ses épaules. « I need to focus right now. You’re not bad. Well, not that bad. I know it scary as fuck, it’s the first time and you didn’t pick the easiest one to vainquish, but you can do this, alright? You control your power and if things go south, I’ll be there to orb you somewhere else and we’ll find something else to keep them away from you. » Une main remontée, à cheval entre sa joue et sa nuque, le regard planté dans le sien pour lui insuffler de sa conviction, elle est surprise par son propre calme, par la force qu’elle est parvenue à donner à sa voix. Son calme cherchant à se frayer un chemin dans le mental de Wilson pour parvenir à l’apaiser, à calmer ses angoisses et anxiétés, l’empathie cherchant à agir dans le sens inverse pour la première fois. L’instant intime prend fin dès qu’il reprend la parole et elle secoue la tête, les yeux levés au plafond tandis que ses mains retombent le long de son corps. « Oui je les ai posés, je sais ce que je fais, moi. » Elle appuie sur ce dernier mot, se dirige vers une étagère pour essayer de récupérer les premiers ingrédients pour la potion afin d’anéantir le second démon mais est retenue par le bruit d’une porte dégondée avec force et elle fait volte-face. « J’espère que t’as retenu la formule, » l’avertit-elle avant de lui empoigner le poignet et de le traîner à sa suite dans les escaliers, rejoignant rapidement le rez-de-chaussée où un premier démon semble déjà coincé par les cristaux, les deux autres levant promptement les yeux dans leur direction. « Baisse-toi ! » Elle a tout juste le temps de le tirer vers le bas qu’une première boule de quelque chose est lancée dans leur direction. « Y a d’autres cristaux dans le patio, essaie d’emmener celui mal coiffé là-bas, je m’occupe du dernier. » Elle ne lui laisse pas le temps de répondre qu’elle se relève déjà, s’éclipse sous le nez des démons pour réapparaitre derrière l’un d’eux, tentant de lui asséner un coup de pied derrière le genou avant de constater que soit elle a vraiment besoin de se mettre aux sports de combat, soit il est fait de titane puisqu’il semble à peine perturber par son intervention. Oh fuck.