this house no longer feels like home (one shot)

Il ne restait que des ruines — monde apocalyptique, poussière du désert et souffle d’une autre époque. Quelques pierres amassées ici, là, noircies par les impacts divers. La base de la destruction, les vestiges d’un temple qui fut, qui n’était plus, qui ne sera plus. Sans doute que s’il fermait les yeux, il parviendrait encore à imaginer les hautes colonnes, le toit triangulaire et, au centre du temple, ce qui était le recueil du sanctuaire des Amazones. Sans doute que s’il fermait les yeux, il parviendrait encore à l’imaginer à ses côtés, présence silencieuse mais bienfaitrice, figure de soutien et d’espoir — avec son sourire en coin et ses yeux qui semblaient vouloir parler d’avenir.

Avec lui.
Pour eux.
Parce qu’elle était optimiste pour deux, Diana ; parce qu’elle patiente et attentionnée quand bien même il redoublait d’effort pour la faire fuir. Les allusions, les danses, oui. Les sentiments, non. Jamais.
Pas pour lui.
Pas avec elle.
Ca aurait été trop risqué (il aurait pu vraiment s’éprendre) ; ça aurait été tout bonnement inconscient (elle serait devenu la cible d’ennemis toujours plus redoutables, la cible du Joker, même et il l’aurait perdu, alors, comme il avait perdu père et mère et puis Dick, comme il refusait de perdre à nouveau). Il ne fermera pas les yeux, alors, pour ne pas entendre son pas léger, les talons qui claquaient sur le sol derrière lui ; pour ne pas en venir à essayer de se souvenir de sa flagrance (un parfum français, se souvenait-il, onéreux et qu’il lui avait offert, là, à ce Christmas Exchange organisé par Wally et Lantern et auquel il n’avait participé qu’une fois assuré de tirer la nom de la guerrière Amazone). Il ne fermera pas les yeux parce que la scène de l’affrontement contre Clark lui reviendrait alors et avec elle, les regrets et la culpabilité de n’avoir pas su agir à temps, comme il le fallait.

Lois Lane is the key.
Il avait été prévenu, pourtant, mais ça n’avait pas suffit.
Darkseid s’était montré plus malin, avait frappé. Un seul coup mais dévastateur et la journaliste avait été emportée — et avec elle, l’embryon qui continuait de pousser.
Lois Lane is the key.
Pour garder Clark sain, pour l’empêcher de perdre le contrôle — ce que lui, Bruce Wayne, avait toujours redouté. Et même lui, Bruce Wayne, le Dark Knight, n’avait pas suffi malgré ses recherches, malgré la Kryptonite toujours conservée pour cette éventualité (la pierre verte toutefois gardé au fond d’un coffre au Manoir afin de ne pas recommencer une bataille qui n’aurait pas eu lieu d’être).
Lois Lane was the key and without her, Superman went down.
Went dark.

Il ne restait que des ruines et le silence, devenu oppressant depuis longtemps. Il voudrait tendre une main, effleurer les pierres qu’elle avait si souvent caresser de son vivant, lui divulguant les croyances et les secrets de son peuple, de la mythologie grecque (dont il n’ignorait pourtant si peu, les recherches effectuées à l’instant où il l’avait rencontrée), laisser l’homme prendre le pas sur le Bat. Redécouvrir ses émotions, jusqu’alors enfouies, oubliées même et peut-être se laisser aller au deuil d’un être aimé dans le silence, l’ombre d’une relation jamais totalement débutée (par sa faute, encore, toujours). « Master Bruce, the others are getting impatient. » Of course they are. Barry et Victor la connaissaient, Mera beaucoup moins — mais c’était tout de même différent. Ils avaient connu d’autres pertes, plus proches, plus douloureuses pour eux. Perdre Diana n’avait fait que renforcé leur volonté de trouver une solution pour empêcher cette situation, retenir Clark.
Ou le tuer.
Ils avaient la force de la jeunesse à leur avantage, l’espoir que cette idée folle du retour dans le temps soit suffisant, de pouvoir en venir à bout d’un être quasi-indestructible.
« She would want you to continue what you’ve started. » La voix d’Alfred dans son oreille, toujours si pleine de vérité poignante. « I know. » Et il continuerait, parce qu’il n’était pas dans sa nature d’abandonner sans se battre, parce qu’il n’avait pas pour habitude de laisser tomber aussi facilement.
Et parce que c’était de sa faute.
Les doigts, finalement, finirent par se tendre, tracèrent le contour de l’insigne de Wonder Woman, gravé par quelques fans, doré par Wayne Entreprise pour rendre hommage à l’une des héroïnes de la planète.

And then, he was gone.