under control ☇ patience

L’énergie électrisante de la nuit précédente au P3 coule encore dans les veines de la jeune sorcière. Mieux encore, la gueule de bois est inexistante. Ouaip, elle est restée sage tout le long de son service. Ok, elle s’est peut-être indulgée de quelques verres ou autre shots mais rien de trop fort. Et l’effet ou plutôt le manque de conséquences à son réveil en est bien la preuve. « Listen baby ! Your wish is my com-mand. Baby woon’t you understand... » Le café déjà servie (courtoisie du meilleur colocataire de l’univers), elle se dandine, tasse à la main, s’époumone sous les airs de Breakbot. Au plus grand dam de Mushu  en plein dodo, si on en croit ses miaulements plaintifs. Tant pis pour lui, Peyton, elle a envie de chanter et de danser, ce qu’elle s’octroie pendant bien une bonne heure. Jusqu’au grognement résonnant bruyamment dans l’appartement. Un coup d’œil au chat toujours étalé sur le canapé, son regard dévie sur son estomac. Ouaip. Fin de l’interlude musical, c’est l’heure de manger… et elle a vraiment la flemme de cuisiner.
Sa carte de crédit fourrée dans la poche, sa porte verrouillée, son regard tombe sur celle opposée. L’oreille vient vite se coller contre le bois, une moue étirant ses traits au silence raisonnant. Deux solutions : elle a découché ou est encore assommée par son épique soirée. Parce qu’à son contraire, sa cousine semble avoir abandonné toute retenue à la soirée étudiante loupée. Les quelques réponses reçues le long de la nuit s’étaient visiblement dégradés au fil des heures. Ce qui annonce certainement du croustillant. Ouaip, si elle n’a pas la motivation pour la nourriture, elle l’a définitivement pour cuisiner sa cousine. Mais d’abord, mission calmer le monstre gargouillant.


Pancakes, burger, frites, coca et autre milkshake, ses bras sont chargés de divers sacs de fast food à proximité. Elle a peut-être un peu trop craqué mais elle n’a simplement pas pu résister. Knock. Knock. Knock. « Pati ! Debout là-d’dans ! » Plus, avec un peu de chance, toutes ses gourmandises arriveront à dompter le dragon en lendemain de cuite. Trois autres coups, l’oreille vient de nouveau se coller contre la porte mais encore une fois, seul le silence lui revient. Trop endormie ou en train d’adopter la technique de l’ignorance, Peyton abandonne ses sacs pour retourner à son appartement, le placard à ses côtés s’ouvrant à l’instant où elle franchit le seuil. « Thanks, Sammy. » La clé dansante entre ses doigts étire ses lèvres d’un sourire victorieux. Nope, elle ne sera pas ignorée. Même si elle doit la téléporter hors de son lit.
L’amas de nourriture déposées sur la table, elle s’arme des pancakes, s’avance vers la chambre de Patience sans hésitation. « Rise and shine, love ! » chante-elle, en ouvrant la porte. Ses dents viennent mordre son inférieur, pas assez vite néanmoins pour étouffer le gloussement à l’image qui se dresse devant elle.  Ouaip, définitivement trop bu la nuit dernière. « Whoah Patou, looks like you had a good night. »  Un léger rire au fond de sa gorge, elle ouvre les rideaux d’un coup sec, va rebondir sur le lit à ses côtés. Elle exulte de sa bonne énergie, espère mentalement que ça ne le fera pas tuer. Mais quand elle voit Patience dans cet état-là, elle peut franchement pas s’en empêcher. « C’mon, j’peux te préparer du café et j’ai pleeeein de gras pour t’aider à vaincre les conséquences de ta nuit de débauche. » qu’elle la tease, tirant légèrement la couette la dissimulant pour lui foutre la boîte chaude entre ses mains sous le nez. Rien de plus efficace qu’une ordeur de pancakes, non ? « Pfiou, tu nous as descendu une distraillerie ou ? Ugh, pourquoi j’dois toujours bosser quand tu te mets carpette, tellement injuste ! » Va falloir rattraper ça. Au plus vite. Ca fait trop longtemps qu’elles sont allées gambadés sur le campus toutes pétées. Un baiser bruyant déposé sur ses cheveux, elle se lève d’un autre bond, accroche le bout de couette pendante.  « M’oblige pas à kidnapper ta couette, j’reviens dans dix minutes si tu me rejoins pas. » menace-t-elle de plusieurs tirs. « Ma patience pour les potins attendra pas plus, j’te préviens ! » qu’elle gueule à moitié en allant retrouver ses achats et se poser impatiemment sur une des chaises pour commencer à dévorer. Chrono en main, bien sûr.

Le crâne est lourd, la tête est lourde, le corps est lourd. Tout est lourd, tout résonne, tout semble douloureux. Enfoncée sous la couette, les bras tendus jusqu’à dépasser de chaque côté du lit, elle ose à peine bouger pour se tourner et prendre une position un peu plus agréable. Si elle bouge, elle sait que son lit se mettra à flotter, que ses muscles lui rappelleront ses mauvais choix de danse de la veille, et que son crâne, oh, son crâne, lui, lui fera payer les trop nombreux verres descendus. Et, pire encore, si elle bouge, elle risque de se souvenir de ce qu’il s’est passé – et donc, de Wilson. Nope. Not today. Elle repousse l’image de son protégé, repousse les réminiscences de la nuit passée et voudrait pouvoir affirmer que le haut-le-cœur est uniquement dû à lui et pas à la gueule de bois qui frappe déjà. Yup. C’est ça. That’s him. Elle opine lentement, serre les paupières tandis que le sommeil revient la gagner et qu’elle s’enfonce, de nouveau, dans les bras de Morphée.

Des bruits sourds résonnent et il lui faut trois bonnes minutes pour identifier des coups contre la porte et non pas un marteau piqueur logé dans ses tempes. Qui ? Qui pour la déranger de bon matin un jour où elle n’a pas besoin de bosser ? Concluant que ça ne peut pas être un protégé, elle choisit d’ignorer avec un grognement, se tourne finalement avec une extrême lenteur et, alors qu’elle tend l’oreille et n’entend plus de tambourin contre sa porte d’entrée, esquisse un petit sourire. Noice. Back to Morphée, maintenant.
A moitié dans les vapes, elle n’entend pas l’entrée s’ouvrir, ni se refermer, pas plus qu’elle n’entend des pas dans son salon ou des courses être déposées. Elle se concentre sur Ryan Gosling qui lui propose d’aller au resto et yup, tout ce qu’elle veut savoir, c’est s’il aura de vrais bons goûts pour le resto ou s’il garde les cinq étoiles pour sa Mendes de femme. Une voix féminine s’élève et elle fronce les sourcils. Une porte s’ouvre et achève de la tirer du sommeil difficilement tandis qu’une faible odeur de pancake menace son estomac et que le rire de Peyton – who else, really? – résonne comme une arme de destruction massive. « Hmmmm, » qu’elle parvient à laisser échapper. Si elle en avait la force, elle lèverait un majeur pour accueillir sa cousine mais son âme est probablement hors de son corps en cet instant alors tant pis, ce sera pour plus tard.
Et tout à coup.
Agression visuelle.
Même à travers ses paupières closes, elle reçoit le jet de luminosité violemment et elle pousse un cri. « What’ya-doin, go away Satan, » qu’elle gémit aussi fort qu’elle le peut (parce que damn que Peyton hurle ce matin) avant d’attraper un oreiller pour se l’enfoncer sur la tête, essayant d’ignorer la présence de sa voisine à ses côtés sur le lit. « Hate you, Pey. » Parce que le lit bouge, maintenant, alors elle tire un peu plus la couette sur sa tête, pense sérieusement se bâtir un château fort de couverture et d’oreille pour se protéger de l’attaque de Peyton. Mais la flemme, là. L’odeur de pancakes revient alors qu’elle sent la couette lui être enlevée – damn you, Peytou – et elle ose finalement soulever une paupière. La vision est floue, le crâne douloureux. Et son estomac, lui, semble être prêt à rendre l’âme. « Garde-les tes potions maléfiques, laisse-moi mourir en paix. » A peu près certaine que c’est ce qu’il se passe maintenant qu’elle doit affronter le jour qui ne ressemble vraiment pas à un matin. « Dis juste à Tam que je l’aime. » Après un grand effort, elle consent finalement à rouler sur le dos, une main sur les yeux pour continuer de les protéger. Un distillerie ? Ouaip, fallait au moins ça pour supporter la présence de celui qui ne sera pas nommé (nope, no way elle admet à Peyton qu’il était là). Ignorant la moitié de ce qui lui est dit, elle repousse Peyton hors du lit, ne grognant que par instant jusqu’à ce qu’elle soit totalement partie. « Y a pas d’potins. » Enfin. Pas tant que ça – ça peut attendre le soir, vraiment.

Elle reste étendue dans le lit de longues minutes après le départ de Peyton mais le sommeil a pris le fuite, ce coward, alors elle souffle, repousse les couettes avec ses jambes et se lève finalement. Elle traîne les pieds, remarque que si elle a pris le temps d’enfiler un haut de pyjama, elle porte toujours son jean (elle ne veut même pas savoir si elle a réussi à se démaquiller correctement ou non, préfère encore ne pas voir le carnage) mais tant pis, la flemme de se changer là. Elle rejoint la cuisine les yeux plissés, un bâillement pas étouffé et elle tombe finalement sur une chaise. « Hé, tu me dois un café et du gras. » Elle pointe l’absence de tasse remplie devant elle, consciente qu’elle aura besoin au moins de ça pour de se remettre de la fiesta qui continue dans son crâne. Les coudes sur la table, le menton dans les mains, elle abdique finalement et plonge la tête dans ses bras repliés. « Plus jamais je picole, je te le dis. J’ai pourtant pas encore trente ans, pourquooooi ? » Life, that unfair bitch, sérieusement.

Elle est dans un état pitoyable, la Pati et Peyton, bien, elle ne peut que rire devant ce spectacle. Sa main vient tapoter ses poches et argh, elle a oublié son téléphone. Décevant vraiment, ça aurait mérité une (dizaine de) photo. Une p’tite vidéo même pour capturer ce son qu’elle estime mi-grognement et mi-détresse. Précieux dans tous cas. Les rideaux sont tirés, son lit envahie par la sorcière, elle sait que sa cousine n’a pas la force de l’en empêcher. « Nope ! » Ouais, elle a le pouvoir en cet instant et elle s’en délecte. C’est pas souvent le cas quand t’es cadette d’une si grande famille. Peyton, elle veut son attention et maintenant. Le fait que Patience en lendemain de cuite soit hilarant n’est que la cerise sur le gâteau. « No, you loooove me. » D’autant plus quand elle verra l’amas de nourritures ramenées qu’elle promet dans un espoir de la sortir de son lit. La journée a déjà bien défilé, elle aurait pu venu l’agresser dès son réveil, devrait plutôt la remercier qu’elle lui ait laissé quelques heures de plus. Héroïque de sa part, franchement. « ‘Afternoon, sweetie. » qu’elle salue cet œil solitaire qui s’ouvre avec difficulté, un sourire amusé aux lèvres. « Un poil dramatique, Pati. » Les yeux volent au ciel mais elle a toujours ce sourire, ses yeux qui brillent de malice. Une menace de kidnappage de couette répondu par quelques grognements, elle finit par prendre pitié et la laisser se réveiller. Dix minutes qu’elle lui laisse sinon la couette y passe. Accompagné d’un de ses meilleurs covers de la chanson la plus haute qu’elle trouvera. « Dix minutes ! » qu’elle réitère quittant sa chambre pour bonne mesure.

Une flopée de sac ouverts jonchant la table, elle a pioché un peu dans chaque, a calmé son appétit plus vite que son estomac n’aurait pu lui permettre. Mais il a l’habitude, c’est la même à chaque fois après un service au P3. Elle n’est vraiment sûre que Patience ait respecté le chrono, bien trop absorbée dans son repas mais là voilà, dans toute sa splendeur de gueule de bois et c’est tout ce qui compte. Sa lèvre se pince mais elle ne peut retenir le sourire qui s’étire. Impossible, vraiment. « Goûte les pancakes, ils sont terribles. » qu’elle baragouine de sa bouche pleine, en se levant. Le café est prêt depuis déjà quelques minutes mais elle pouvait pas se séparer de ces délices aussitôt. Un mug chopé, elle sert la caféine pour la mettre directement en face du zombie, se tourne, elle, vers le frigo dans l’espoir de trouver quelque chose de sucré. Elle a déjà descendu tout son coca. L’écho de sa cousine fait naître un rire franc, elle l’a déjà entendu ce discours là. « Hmm, never heard that one before. » Le soda piqué, elle rejoint sa chaise, tapote sa cuisse, compatissante.  « Tu veux que j’aille te chercher un cachet ? Il m’en reste, il m’semble. » Ouaip, elle est un peu près certaine qu’elle a encore tout une demi boîte dans son placard. Finissant sa part, elle la laisse émerger quelques instants de plus, mais ne peut attendre plus longtemps avant de la griller. « So how was the party ? » Parce qu’on lui a promis du croustillant si on en croit ses sources. « We are not leaving these seats until you give me some deets. » Le doigt tapote contre la table, le regard s’affute, le sourcil s’arque. « I saw Tiff this morning and she saw you dancing with a hot guy, so don’t even try to deny it and tell me everything. » Ouais, juste une source réellement. Très utile néanmoins, son envie de fast food se sera révélée plus que productive.  « Did you kiss ? Did you french ? » *Gasp.*  « Oh my god, did you have sex ? » Sa main vole sur sa bouche, son regard la scrute. « I can tell, you’re all... » Elle remue les mains en sa direction dans un geste aussi vague que ses pensées. Elle s’emballe probablement mais dans le cas où… « Ugh, Pati, no one wants to hear about your sex life ! » qu’elle l’appâte. Son nez se fronce, y avait personne dans son lit. Ouais, peut-être qu’elle s’emporte un peu trop. (Et oui, Sam compte dans la discussion. De sûr qu’il peut les entendre avec ses oreilles de fantôme.) « ‘Fin… non, moi j’veux carrément savoir. Pour commencer, c’est qui c’mec ? » Information cruciale réellement, aurait peut-être dû commencer par ça.

She hates her. She really does et non, elle ne reviendra pas sur cette pensée une fois le crâne moins secoué et la migraine passée et la gueule de bois passée. Nope, nope, nope. Patience l’affirme, ni haut, ni fort, mais c’est juste pour laisser le temps à ses sens de finir de se réveiller et à son corps de finir de se remettre de sa soirée (nuitée, à ce prix-là, elle est presque certaine qu’il était pas loin du matin quand elle s’est effondrée dans son lit). She. Hates. Peyton. Parce qu’elle est peut-être à moitié out, quasiment comateuse, mais elle est encore capable de déceler l’amusement dans la voix (et même juste dans sa façon de se tenir, she knows it, she can feel it, les joies d’être une empathe) de sa cousine et le fait que celle-ci prenne plaisir dans sa souffrance (son lit de mort, vraiment) est une raison suffisante pour la maudire. Elle a d’la chance que Patience n’en ait pas la force, là, tout de suite. A charge de revanche, though. Peytou n’est pas à l’abris d’une seconde petite tête sur son paillasson, de sûr. Patience essaie d’attraper sa couette pour la remonter sur sa tête, abandonne à mi-chemin et préfère plutôt laisser son second oreiller lui retomber sur le crâne. Mauvaise idée mais tant pis, elle n’a plus la force de le repousser, encore moins de changer de position (trop risqué). « Ireallydon’t, » qu’elle marmonne entre deux oreillers, sans prendre la peine d’articuler parce que what the Hell, who cares, she’s dying. « Fuckyou, there’s a fucking hammer in my head. » Et clairement, le marteau, elle aurait préféré l’avoir ailleurs (ou nulle part, en fait, si elle y réfléchit deux secondes). Elle sent la présence de Peyton quitter son lit et si elle pourrait s’en réjouir et en profiter pour s’étaler, ses membres sont atrophiés, son corps comme paralysé et elle ne peut qu’entendre la deadline être répétée. No way, she’s not getting up.
She really hates Peyton.

Finalement levée, sans prendre la peine de vérifié qu’elle n’ait pas la moindre marque de l’oreiller sur la joue, sans même avoir pris la peine de se changer, elle se traîne jusqu’à sa cuisine, note l’absence de tasse là où elle choisit de s’asseoir, râle, peste, hésite à se rendormir sur la chaise inconfortable. La tête retombe entre ses bras repliés, elle a vaguement conscience que Peyton a évoqué les pancakes et si ça a l’air tentant, clairement, elle a rencard avec Morphée et c’est tout ce qui compte. Elle a toutefois suffisamment récupéré pour être ne mesure de lever le middle finger qu’elle dirige vaguement vers Pey (en réalité, elle en sait rien, imagine que sa cousine doit être du côté du frigo mais n’en est pas certaine) avant de finalement se redresser, les effluves du café venant finalement glisser jusqu’à ses narines. Elle enroule les mains autour du mug qu’elle ramène vers elle, étouffe un nouveau bâillement. « Je dois en avoir dans ma pharmacie mais c’est… » Elle tend le doigt en direction de sa salle de bain. « A l’autre bout du monde. » Parce qu’il a fallu qu’elle choisisse un appartement avec plusieurs pièces, avec la salle d’eau de l’autre côté du bordel plutôt que directement à côté de sa cuisine. Of course. Les yeux clos, elle porte la tasse à ses lèvres, laisse le liquide chaud lui brûler le palais et la langue mais tant pis, she needs it. Elle se cale contre le dossier de sa chaise, profitant de ces quelques secondes de calme, consciente que Peyton réclamera détails sous peu — et, en effet, à peine a-t-elle finit d’avaler sa gorgée que sa cousine se lance à l’assaut. Patience, elle n’a même pas le temps de process la première question que Peytou a déjà enchaîné et elle est prompte à lâcher le fil, la sorcière, jusqu’à ce que les mots Hot et Guy résonnent dans son crâne, rapidement suivi par les questions trop détaillées de Pey. Hm. Dancing with a hottie ? Elle plisse les yeux avant de revoir le visage de Wilson, son air smug, et un frisson la parcourt. Fuck. Elle qui avait eu l’espoir d’oublier ces instants. L’accusation ne tarde pas à tomber et elle se redresse et fuck, fuck et Holy fuck, Peyton ne peut pas (Peyton ne DOIT pas) savoir qu’elle a complètement, totalement, fucktalement dérapé avec fuckboy Wilson. « Oh my god, are you always that excited? » Un regard en direction du soda dont s’est servi sa cousine et Patience tend la main pour dérobé la bouteille et la confisquer. Way too risky. « No more soda for you. » Juste l’idée d’en boire une goutte aussi tôt (tard, okay, mais encore une fois, le temps n’est que relatif et elle a décrété que c’était son horloge interne qui comptait donc, c’est le matin et il n’est clairement pas l’heure de boire la moindre boisson gazeuse et sucrée). « Though you wanted to know how was the party. » Elle esquisse un sourire en coin, voudrait jouer des sourcils mais la migraine revient sauvagement et elle couine, ferme les yeux, attrape plutôt un pancake dans lequel elle croque. « Party was great. I don’t know whose house it was but damn, they’re pretty rich, lemme tell you this. Lame music, though, but guess not everyone can buy some good bands like aunt Piper, right? » Sûre qu’avoir grandit avec quelques groupes mythiques régulièrement invités dans la boîte de leur tante peut rendre difficile en matière de DJ. Et même si elle aime se dandiner sur tout style, Pati a toujours eu sa préférence pour le bon vieux rock. « And yeah, Tiff was drunk last night so she must not remember correctly. » Elle s’empresse de lever la tête pour dissimuler sa grimace devant son (mauvaise) mensonge. Parce qu’elle a besoin de trouver un nom, n’importe quel nom (en espérant que Tiff ne se souvienne pas qu’elle avait été de péché Wilson juste avant que Patience n’intervienne et Hugh, elle savait qu’elle aurait du aller dormir chez Tiff pour s’assurer qu’elle ne l’ouvre pas — sauf que Tiff a quitté la fête bien avant elle ou, en tout cas, elle n’a pas réussi à la retrouver after her time (ugh) avec Wilson). « It was a party Pey, okay? I danced with a lot of people. Don’t get their name. And hot guy from Tiff’s point of view can literally be any guy, you know her. » Okay, that was bitchy et gratuit. Mais sérieusement, il n’y a pas moyen qu’elle admette n’avoir qu’adresser la parole à Wilson et encore moins tout le reste (elle peut encore son bras autour de sa taille, leur proximité lors de leur danse et l’attirance ressentie, l’envie de le plaquer et, STOP, no more thinking about it parce que peut-être que si elle cesse d’y penser, alors elle oubliera et alors ce sera comme si ça n’était pas arrivé). Nouvelle gorgée de café, nouvelle bouchée de pancake. « Did she tell you what he looked like? » L’idée vient de germer dans son crâne embrumé — she could lie. Utilisé le porteur de verre comme prétexte (elle a complètement oublié son nom, mais de mémoire, il n’était pas trop moche et puis, elle a dansé avec lui, brièvement, aurait même pu terminer avec lui si Wilson n’avait pas mis le grappin sur Tiff et, yish, la revoilà à penser à Wilson, son odeur, ses lèvres, son regard, son sourire — son putain de sourire et, oh fuck it, she can’t lie). « He was nobody. A one time thing, you know. » Pas que ça puisse devenir autre chose, de toute manière, car les Fondateurs finiraient bien par intervenir (wait, no, les Fondateurs n’auront pas besoin d’intervenir parce qu’il est hors de question qu’elle recommence, elle fera pas cette connerie deux fois, nope, no way).

Les lèvres engraissées de la sorcière s’étirent à l’écoute de l’aînée qui se lève. (Enfin.) Elle n’était pas loin d’aller mettre ses menaces de vole de couette à exécution. Sans besoin finalement, malgré son humeur irritable et de sûre, sa certaine envie de l’achever, Patience traîne le pied pour la rejoindre. Ouais, pas besoin d’être douée d’empathie pour savoir qu’elle n’a pas apprécié ce réveil festif… Si ce n’était pour ses traits expressifs, elle aurait juré avoir senti ses ondes meurtrières se dirigeaient directement vers son siège. Mais elle s’en fait pas, d’autant moins lorsque sa tête retombe sur ses bras. Réveillée mais certainement pas alerte. Ca lui donne envie de la pat pat le crâne mais elle s’en empêche, refourre  plutôt une bouchée de pancakes dans sa bouche. Avantage, certes, mais nettement diminuée par leur proximité, elle en est bien consciente.  Et faudrait pas que la bouffe y prenne. La lèvre mordue pour dissimuler le rire naissant dans sa gorge, elle se lève, bombant le torse. « I’ll do it, queen ! » s’exclame-t-elle, son expression remplacée par un sérieux théâtral. Un hochement décisif de la tête, regard centré sur l’horizon, elle part vers la salle de bain d’un pas déterminé. Les placards fouillés en deux-trois mouvements, elle n’est pas longue à lui ramener son Graal. « You wouldn’t believe what adventures I’ve been through. » souffle-t-elle, s’écrasant dans sa chaise. La boite d’aspirine est déposé sous le nez de sa cousine, qui vu sa tête, en a bien besoin. Sigh. A nouveau, un bref regret l’envahit. C’est pas tous les jours que la Pati se met dans ces états et c’est un besoin, non sa mission sacrée, de capturer ses moments où elle lâche tout contrôle. Tant pis. Elle est (presque) certaine de pouvoir la convaincre de l’accompagner la semaine prochaine à cette autre soirée étudiante. Pas qu’elle va le mentionner de suite. Elle a beau être positive, elle sait sans aucun doute qu’elle ne récupérerait qu’un refus à cet instant. Surtout que des sujets bien plus importants sont à aborder. Un sujet réellement à en croire ce bout de gossip qu’elle a reçu mais qu’elle ne peut que considérer qu’une intervention divine. Alors elle se lance dans une interrogation en règle, les questions défilant de ses lèvres plus vite que son ombre. « Well yeah, where have you been these last twenty years ? » Duh. Elle n’a jamais caché son excitation, en particulier quand il s’agit de la love life de ses sœurs et cousins. Un des nombreux avantages de cette famille nombreuse, toujours une histoire à se mettre sous la dent et Peyton, elle ADORE ça. « Hey ! Pas touche à mon soda, il est l’amour de ma vie à ce moment précis. » Sa main se referme protectivement autour de son gobelet, le regard plissé en guise de menace. Pas sûre que ça soit efficace mais elle peut sortir les crocs quand on touche à son sucre. Mieux, un coup de télépathie pour être que tous soient hors de portée- Oh shit, elle s’est perdue en chemin. Ses pupilles brillantes retrouvent leur curiosité en glissant vers sa cousine. Ouais, elle veut définitivement savoir ce qui s’est passé à cette soirée. Et en détail. Un geste de la main, elle lui fait signe de continuer, hoche la tête en accord avec l’avis de Patience. Entre les bandes et les djs qui passent au P3, rien que le son d’une pauvre stéréo aussi puissante que soit elle n’est rien à comparer au meilleur club de la terre. Ouais… peut-être qu’elle est un poil biaisée. « Hmmm… It smells funny, don’t you think ? » sniffe-t-elle, exagérément.  Son nez se rapproche de la brunette, gardant tout de même une distance de sécurité. « Alcohol and…. Yeah, that smells like big fat lies ! » Bon, pas sur le niveau d’alcool ingéré par Tiff, vu la tête de lendemain de cuite qu’elle se traînait, elle n’en doute pas. Mais sait aussi que ses propos ne sont pas à douter en vu de la réaction de la brunette. « Tut, tut, tut. That’s not really nice, isn’t it ? Well, mostly true, but my cupid instinct is telling me other things. » Bullshit, bien sûr. Elle l’a peut-être cet instinct de cupidon… mais en vu de ses réussites d’entremetteuse, il doit être bien enterré. « Well, besides ‘dark hair’ and ’hot as fuck’, she didn’t say much. » La lèvre mordue, elle se rejoue mentalement la conversion déjà flou malgré qu’à peine une heure se soit passée- « Oh si ! Elle a mentionnée un athlète de la fac aussi… Mais pourquoi je cherche moi ? De sûr que tu te souviens, allez crache le morceau ! » Elle refuse de croire autrement, entre ses réactions, les changements de sujet… Ca se flaire, qu’elle se répète. «  Oh come on, you would have said that right away ! » Y a un truc louche là-dessous. Sait pertinemment que Patience n’a pas peur du jugement avec elle. Jamais elle ne l’a critiqué, jamais elle ne la critiquerait pour un one night stand. Tiff lui a déjà dit qu’il était attirant alors… N’en reste plus que son identité. Un mec qu’elle déteste ? Un avec qui elle ou une autre de leurs proches a eu un fling ? Hmm. Trop de possibilités. « Do I know him ? » *GASP* « Oh my god, don’t tell me he’s a demon, this track record can not be repeated in our generation ! » Non. No way. Elle sait même pas pourquoi elle l’a pensé. ‘Fin si, parce que sa cousine est anormalement évasive et que Peyton, ben forcément, ça la tue de curiosité. « Why won’t you tell me ? You don’t trust me ? » La voix douce, la moue accentuée, elle sort une de ses armes fatales. Pas le choix, il FAUT qu’elle sache maintenant. Qu’elle aille faire ses recherches. Peut-être un peu de stalkage si elle a le temps.