end of silence › theodore

Peyton est partie tu-ne-sais-plus-trop-où, et du coup te voilà toute seule. Toute seule avec Sam, le fantôme. Un frisson qui t’hérisse l’échine à cette pensée. Faire une colocation avec un fantôme. Un putain de fantôme. Comment c’est possible ? Dans les livres que t’as lus, ils disaient que c’était des créatures surnaturelles qui n’existaient pas. Que c’était juste bon pour faire des romans ou des films. Alors bien évidemment, tu ne pensais pas que ça puisse réellement exister. Et du coup, maintenant, et bien tu peux pas t’empêcher d’errer dans l’appartement avec les sens en alerte. Tu penses sans cesse à lui, à ce qu’il peut faire, ce qu’il peut bien penser. Pourquoi est-ce qu’il est cantonné à cet appartement, pourquoi est-ce que tout simplement il existe. T’avais toujours lu que les fantômes étaient des êtres maléfiques, pourquoi est-ce qu’avec Sam c’est différent ? Une prise de tête, cette histoire. Mais faute de trouver le courage de lui poser directement les questions et bien tu préfères faire comme s’il n’était pas là. T’as la vessie sur le point d’imploser, mais t’oses pas aller aux toilettes. Parce qu’il va t’observer, c’est sûr, n’est-ce pas ? Il doit être du genre à se rincer l’œil pour occuper ses journées qui doivent être interminables. Mais comment Peyton peut faire pour vivre avec lui ??

Le temps passe lentement. Et si Peyton t’a autorisée à utiliser sa télévision, tu n’as toujours pas réussi à la faire fonctionner. Pire, t’as l’impression que t’as tout déréglé, car l’écran alterne entre le noir, le bleu et le vert à mesure que tu cherches à changer les chaines. Appuyer sur tous les boutons n’était peut-être pas une bonne idée. Mais t’es si idiote que ça ? Ça doit pas être bien sorcier de la faire fonctionner, non ? Normalement niveau technologie les Inhumains sont plus avancés que les Humains, donc… ? Comment c’est possible qu’ils aient créé quelque chose d’aussi complexe ? Avant de partir Peyton t’a sorti sa pile de DVD, te disant que si y’a rien qui te plait dans les programmes télévisés tu pouvais utiliser son stock. Donc ok, c’est facile d’ouvrir la boite et de prendre le CD, mais où est-ce qu’on le met ? Après avoir fait le tour de la télévision, t’as fini par en déduire que ce n’était pas là que ça se mettait. Plus tard, t’as fini par trouver le lecteur DVD, et alors que tu pensais que c’était gagné, et bah non, impossible de rentrer le CD. À chaque fois qu’il s’insère, il ressort aussitôt. Alors oui, tu pourrais demander de l’aide au fantôme, mais franchement, t’es pas vraiment prête à te lancer dans une discussion avec lui, trop creepy. Du coup, frustrée, t’as tout laissé en plan et tu t’es allongée sur le canapé, en mode boudeuse.

On toque à la porte, et te voilà qui sursautes. Ça devient une fâcheuse habitude. Tu retiens ton souffle un moment, te demandant qui ça peut bien être. Pas Peyton, ça c’est sûr, vu qu’elle a les clés. Forcément, y’a une petite voix dans ta tête qui te souffle que peut-être c’est Maximus ou un de ses sbires. Que d’une manière ou d’une autre ils t’ont retrouvée. Mais c’est impossible, pas vrai ? La sonnette qui résonne à présent, tandis que tu t’enfonces un peu plus dans le canapé, resserrant le coussin que de base tu avais contre toi. Si tu réponds pas, que tu fais la morte, alors peut-être qu’il te laissera tranquille ? « C’est Theodore, ouvre la porte, clame une voix familière à travers la porte. Tu mets plusieurs secondes à assimiler que Theodore = le mec de Peyton. Qu’est-ce qu’il fiche ici ? Tu redresses la tête pour fixer la porte, avant, finalement, d’aller jusqu’à cette dernière. Peyton n’est pas là, que tu souffles assez fort pour qu’il entende. Non mais que tu ne lui fais pas confiance, mais si c’est elle qu’il vient voir à quoi bon prendre le risque de lui ouvrir ? Je sais, elle m’a demandé devenir te voir. » Ah. T’aimerais lui poser la question, mais tu sens que y’a comme une certaine lassitude dans sa voix. Tu devines qu’il n’apprécie pas que tu le fasses languir, donc presque à contrecœur tu déverrouilles la porte avant de reculer de plusieurs. « Il y a un problème ? » Car sinon pourquoi est-ce qu’elle aurait demandé à son petit-copain de passer te voir ? Pour te surveiller, peut-être ?

›› @crystalia amaquelin

Il relit le texto envoyé par Peyton, tôt dans la matinée. Même en plissant les yeux, les mots ne changent pas pour subitement devenir autre chose – ce qui rend la demande encore plus étrange. Il est dans ce monde depuis suffisamment longtemps pour savoir ce que babysitter veut dire et c’est ce qui le laisse penser que Peyton cherchait davantage à contacter Patience que lui pour cette demande ; la cousine Halliwell est bien plus apte à gérer une personne moldue que lui (il fait des efforts au boulot, mais c’est dans un cadre différent et parce qu’il a vite compris qu’il ne pouvait pas prendre de haut le Maire s’il ne voulait pas être viré comme un elfe de maison). Un soupir lui échappe tandis que la réponse de Peyton lui parvient, révélant ainsi pourquoi elle s’est tournée vers lui plutôt que vers sa cousine. Patience a la journée déjà remplie entre ses cours et ses séances d’entraînement avec les sorciers qu’elle protège ( ? il n’est pas encore au point sur le vocabulaire entourant le monde magique dont fait parti Peyton) et n’a pas le temps de passer à l’appartement pour veiller sur Crystalia. Une main dans ses cheveux, il consent finalement à s’habiller rapidement après un saut dans la douche et à prendre le chemin qui mène à l’appartement de sa petite-amie. Avec un peu de chance, Peyton ne rentrera pas trop tard et il n’aura pas tout perdu.

Il frappe à la porte quand il arrive, attend une réponse qui ne semble pas venir. Il fronce les sourcils. Il sait pourtant qu’il ne s’est pas trompé d’appartement – il a fait le trajet trop de fois pour en arriver à mélanger les étages et les numéro. Il attend quelques secondes de plus avant d’appuyer sur la sonnette, cette fois, sans grand succès supplémentaire. Pendant deux secondes, il envisage que Crystalia soit simplement partie, sans prévenir mais il se rappelle alors que Peyton la voyait davantage comme étant particulièrement renfermée et même s’il ne s’y connaît pas beaucoup en psychologie moldue, il en a suffisamment observé pour savoir qu’un moldu renfermé ne va pas à l’extérieur tout seul. « C’est Theodore, ouvre la porte. » Parce qu’elle est là – et que si elle ne l’est pas, il compte bien sur Sam pour lui ouvrir, même si le fantôme ne l’apprécie toujours pas beaucoup. Il maudit les moldus et leur incapacité à accepter la magie, sans quoi il aurait directement transplané dans l’appartement pour gagner du temps. Finalement, une voix basse s’élève et il tend l’oreille. « Je sais, elle m’a demandé de venir te voir. » Après avoir probablement fait tout son répertoire parce qu’il n’est probablement pas le choix le plus évident, moins encore le plus logique, pour cette tâche. La porte s’ouvre finalement et il se redresse légèrement, lance un regard qu’il veut neutre sur le visage blond qui s’affiche devant lui et qu’il a croisé à une ou deux reprises en venant rendre visite à Peyton. « Hm ? Euh, non. Elle voulait juste s’assurer que tu allais bien. » Enfin, il l’assume, la sorcière ne s’étant pas vraiment épancher sur la question dans ses quelques sms envoyés. « Et que tu ne t’ennuies pas trop toute seule et que Sam ne te fasse pas de blagues. » Il lève le regard pour le porter derrière elle, essayant de sonder le vide de l’appartement comme pour essayer de repérer le fantôme. Il retient une grimace intérieure, Nott, persuadé que le colocataire invisible de sa petite amie va lui faire regretter d’être venu. « Je peux entrer ? » Il désigne le couloir, sans chercher à s’imposer parce qu’il comprendrait qu’elle veuille être seule.

Un hochement de tête quand il te dit que non, que tout va bien. C’est une bonne nouvelle, enfin tu crois ? C’est évident qu’il vient pour te surveiller, ou quelque chose comme ça. Et tu sais pas trop comment tu dois le prendre. Y’a une part de toi qui se retrouve un peu blessée que Peyton n’arrive pas à te faire confiance et qu’elle t’envoie quelqu’un pour veiller sur toi. Mais en même temps, y’a la voix de la raison qui prend le dessus sur le reste. C’est pas chez toi, ici, t’es qu’une sombre inconnue complètement paumée et surement un peu bizarre pour elle, donc c’est normal qu’elle ne veille pas forcément te laisser seule. Qui sait ce que tu pourrais faire avec ses affaires ? En plus, vu les galères qui s'enchaînent à chaque fois que tu tentes une exploration dans la cuisine… C’est peut-être pas plus mal que tu sois accompagnée. Y’a qu’à voir l’état de la télé…

Y’a un petit rire léger qui ricoche quand il fait une référence à Sam. « Je ne l’ai pas vu de la journée. Peut-être qu’il dort… Enfin je sais pas si ça dort, un fantôme ? » Finalement c’est clairement pas une mauvaise idée que tu sois seule avec lui, et tu remercies intérieurement Peyton pour t’avoir envoyée quelqu’un. Bon, c’est vrai, tu ne sais pas trop si Theodore était le meilleur choix, car c’est plutôt quelqu’un de renfermé, de froid, voire même d’hautain vu la manière qu’il a eu de te regarder. Vous n’avez jamais vraiment parlé tous les deux, ou alors juste de banalités, et tu te doutes qu’il ne doit pas beaucoup t’aimer. Tu t’immisces dans leur vie de couple en squattant le canapé du jour au lendemain, donc t’imagines que c’est normal sa réaction. Et vu ce qu’en disent les filles, de toute façon c’est un peu naturel chez lui ce détachement et cet aura mystérieux qui se dégage de lui. C’est ce qui fait son charme, qu’elles t’avaient dit en riant. « Oui, oui, bien sûr, que tu t’empresses de rétorquer quand il te demande la permission d’entrer. C’est plus chez toi que chez moi, donc… Pas de problème. » Il ne manquerait plus que ça. Tu tousses légèrement, un peu gênée de te retrouver dans la même pièce que lui. C’est qu’il t’intimide, très probablement. « Tu ne travailles pas aujourd’hui ? » Histoire de faire la conversation. T’as cru comprendre qu’il bossait pour la mairie, et que potentiellement c’était un truc assez prestigieux, donc… T’espères ne pas lui faire perdre son temps comme t’en as déjà fait perdre assez avec Peyton.

Il s’approche jusqu’à se placer en plein milieu du salon, et forcément son regard accroche la télé qui est en PLS depuis plusieurs minutes maintenant. Avec les DVD qui sont éparpillés autour… Comment dire que tu te sens tout de suite gênée d’avoir tout laissé en bazar et de tout avoir déréglé… « J’ai dû toucher à des boutons qu’il ne fallait pas en voulant allumer la télé, que tu souffles, vu que c’est ce qu’il doit penser en admirant le désastre, Je suis désolée, de là d’où je viens on n’a pas tout ça. Tu sais que tu tires un peu une balle dans le pied en lui parlait de ça, mais de toute façon il va bien finir par te demandes des explications tôt ou tard donc c’est peut-être pas plus mal que tu prennes les devants. Enfin on a des télévisions, hein, on ne vit pas dans un trou, mais… Disons que c’est pas les mêmes, qu’elles sont plus sommaires. » Le mensonge qui se tisse peut-être un peu bancal, mais c’est la meilleure histoire que te sois trouvée. C’est cette version, d’ailleurs, que tu as fournie à Peyton, et globalement tout ceux que tu as rencontré depuis ton arrivée : tu as fui ton village où tu vivais en marge de la société. On te voulait du mal, à toi et ta famille, et vous avez préféré vous enfuir. Et dans la panique, tu les as perdu de vue. Le mensonge, en soit, n’en est pas tellement un. Mais c’est ce qu’on t’a toujours dit : que les meilleurs mensonges sont ceux qui contiennent toujours une part de vérité.  

›› @crystalia amaquelin

Il arque un sourcil, conscient que la non présence de Sam est sans doute mauvais signe – il sait que le fantôme de Peyton peut être particulièrement susceptible par instant et il ne doute pas que d’héberger une invité soit une raison possible pour lui de se vexer, mais quand même. Ca ne lui ressemble pas tellement. Et, de ce qu’il en sait après maintes observations et conversations avec les esprits qui errent à Poudlard, Nott est à peu près certain qu’un fantôme n’a pas besoin de dormir (tout juste de se reposer, de temps en temps, mais plus par habitude que par réelle nécessité). « Généralement, non, mais avec Sam, on en découvre tous les jours. » Il hausse les épaules, les yeux virevoltant pour essayer de trouver trace de l’esprit qui hante l’appartement sans plus de succès que précédemment. Il boude, donc. « Il doit être au calme dans la chambre de Peyton. Il ne sortira sans doute pas s’il me voit. Il ne m’aime pas beaucoup, » précise-t-il rapidement, même si c’est en-deçà de la vérité. Il pince les lèvres, plutôt rassuré par l’absence de Sam – ce sera déjà ça de moins à gérer, parce que Theodore, il n’est toujours pas certain de savoir comment occuper une moldue sur une journée (généralement, il suffit de les installer devant la télévision ou un ordinateur pour avoir la paix, une technique efficace dès leur plus jeune âge, a-t-il appris en lisant divers magazines et en observant le comportement de ses collègues à la mairie). Elle se pousse, il entre, s’arrête après quelques pas dans le couloir, les bras ballants – c’est qu’il ne vient jamais quand Peyton n’est pas là, en général. « C’est chez Peyton, » la corrige-t-il avec un froncement de sourcil. « Moi je vis à Heatherfield. » Il ne comprend pas, la regarde du coin de l’œil avant de remettre ça sur l’excentricité des moldus – encore une autre de leur weird habitude à laquelle il ne se fera probablement jamais. « Non, le Maire est en déplacement pendant quatre jours, avec son adjoint et comme je peux travailler de chez moi… » Il sort le portable sur lequel il a redirigé tous les appels destinés à la Mairie pour le désigner à Crystalia. « Je risque de devoir répondre de temps en temps. » Son visage se crispe pendant une brève seconde dans une grimace qu’il veut désolée (et sincère).

Comme Crystalia ne semble pas vouloir bouger du couloir, Nott s’avance un peu plus dans l’appartement, rejoint finalement le salon et pose les yeux sur la télé dont l’écran est devenu vert et bleu et il fronce les sourcils. Une moldue qui ne saurait pas faire marcher la télévision ? Il tourne la tête dans sa direction, la juge en silence tandis qu’elle s’explique avec des balbutiements, des mots maladroits. « Je comprends. » Il n’entre pas dans les détails, peu désireux de lui avouer qu’il lui a fallu de très longs mois pour appréhender le plus simple des appareils moldus (et encore, il a encore du mal à parfaitement doser leur machine à café et continue de fuir la plupart de ces engins censés lui faciliter la vie dans la cuisine – s’il peut le faire manuellement, il préfère). « Je croyais que toutes les télévisions étaient faites sur le même modèle… » A peu de choses près, en tout cas, mais il avait bien compris que pour en allumer une, c’était toujours le même bouton – ce qui lui sauvait la vie, vraiment, car ce bouton était présent sur l’ensemble des autres objets de technologie des moldus. Sans doute pour s’adapter à leur intelligence limitée. Il attrape la télécommande, éteint l’écran avant de le rallumer. Une chaîne apparaît aussitôt, diffusant avec elle les premières images d’un dessin animé quelconque. « Tu voulais regarder un DVD ? » D’un geste leste du poignet, il désigne les nombreuses jaquettes sorties, les boîtes éparpillées dans tous les sens. Il en attrape un. « Je ne te le conseille pas, il est… Particulièrement bizarre. Et lui, là, c’est une histoire d’amour qui n’a pas grand intérêt. » Il trie quelques titres, pas grand-chose parce qu’il n’en connait pas beaucoup, en réalité. « T’en avais peut-être déjà choisi un ? » qu’il réalise soudainement, relevant la tête vers Crystalia. Une pensée le traverse, fugace – si elle ne connaît pas les télévisions aussi sophistiquée, sans doute ne connait-elle pas davantage les lecteurs DVD. « Vous n’en aviez peut-être pas, là d’où tu viens…, » amorce-t-il d’une voix égale. Il n’est pas moqueur, Nott, même si le choix de ces mots, la phrase tournée dans ce sens-là pourrait passer pour une moquerie hautaine. Il sait ce que c’est, lui aussi. « D’ailleurs, d’où viens-tu exactement ? » La tête légèrement penchée sur le côté, la curiosité toute retrouvée.

Y’a un de tes sourcils qui s’arque quand Theodore te dit que ce n’est pas normal que Sam ne se soit pas encore manifesté. Peut-être que c’est parce qu’il ne t’aime pas ? Après tout on ne peut pas dire que ton attitude soit très encline à son égare, bien au contraire. Même si tu feintes la neutralité t’es tout sauf naturelle quand tu t’adresses à lui. Et encore tu le fais le plus souvent parce que c’est lui s’adresse à toi en premier et que par politesse tu te dois de lui répondre. Tu acquiesces quand il te dit qu’il ne l’aime pas beaucoup. « Peut-être parce qu’il est jaloux ? » Ça ne serait pas surprenant car Sam est attaché à Peyton et de la voir dans les bras de son petit-copain… Peut-être que ça lui fait tout drôle et qu’il préférerait avoir Peyton pour lui tout seul ? Qui sait. Tu acquiesces une nouvelle fois quand il te dit qu’il vit à Heatherfield. T’avais notion que les gens en couple vivaient ensemble, mais peut-être que ce n’est pas pour tous les couples, ou alors que leur relation est naissante et que c’est encore trop tôt. « Vous êtes ensemble depuis longtemps ? » Y’a une part de toi qui pose cette question pour essayer de vérifier ta théorie, et une autre qui, par contre, le dit seulement par curiosité. Comment Peyton qui est si pétillante, si démonstrative, a réussi à briser la carapace de cet homme qui semble être tout son opposé ? Il t’explique ensuite son rôle au sein de la Mairie et sort son téléphone portable en s’excusant qu’il doive probablement y répondre. « Aucun problème, je comprends. » En réalité tu ne comprends pas tout, mais bon, il a des responsabilités envers son téléphone et il doit les assumer, tu n’as aucun souci avec ça.

Tu te mords la lèvre inférieure quand il arrive devant la télévision et qu’il découvre les dégâts. Baisses le regard quand il sous-entend que toutes les télévisions sont faites sur le même modèle. « Il y en a des plus anciennes, qui ont une forme de cube et qui transmettent les images en noir et blanc… » C’était comme ça que tu imaginais les télévisions en arrivant ici, et pas en grand écran plat avec une image qu’ils appellent full HD 4K ou un truc comme ça. Faut croire que les livres que tu as dégoté sur la Terre datent un peu car après avoir posé deux trois questions tu t’es rendue compte que tu avais quelques décennies de retard en matière d’avancées technologiques. Theodore attrape la télécommande et en deux temps trois mouvements règle ton problème, « Oh, super. Tu as fait ça comment ? » Histoire de ne pas tout dérégler à chaque fois et d’attraper le bon réflex directement. T’es soulagée que tout rentre dans l’ordre et que sans faire exprès tu n’ais pas cassé la télévision de Peyton. Quand il se penche sur les DVD, tu acquiesces en silence puis notes ses conseils en matière de choix. Alors que tu t’apprêtes à lui rétorquer que tu n’avais pas encore pris ta décision, il lance une insinuation qui te fait froid dans le dos. Tentant de ne rien montrer de ton émoi intérieur, tu lances, « Je viens d’un petit village assez loin d’ici. Là-bas on vit un peu en autarcie, à l’écart de tous et de tout. On n’a pas toutes les technologies actuelles et on passe nos journées à cultiver la terre, soigner les animaux… Chacun est assigné à un rôle et travaille pour le bien commun. On a très peu de contacts avec le monde extérieur et on ne s’en porte pas plus mal. Un petit sourire qui se dessine sur tes lèvres alors que tu ajoutes, Mais il faut croire que ce n’était plus au goût de tout le monde car il y a eu une sorte de révolte et nous avons du fuir en catastrophe… D’où mon arrivée ici sans affaires, sans argent, sans rien… Un haussement d’épaules alors que tu sens ton cœur te serrer. À présent il faut que je m’adapte un monde que je ne connais pas vraiment et que je fasse profile bas en espérant que personne ne viendra me rechercher ici… » Sur cette planète, dans cette ville… Normalement Maximus doit avoir d’autres priorités, mais sait-on jamais, tu restes un danger pour lui et pour son trône, donc… « Et toi, c’est quoi ton histoire ? Tu es dans cette ville depuis longtemps ? » Surement plus longtemps que toi, ça c’est sûr, et en même temps c’est pas vraiment compliqué.   

›› @crystalia amaquelin

Nott hausse les épaules – depuis le temps, il s’est fait à l’idée que Sam ne l’apprécie guère et n’a jamais vraiment cherché à comprendre pourquoi, n’est même pas certain que Peyton s’en soit rendu compte ou qu’elle ait plus de réponse que lui sur la question. Ce n’est, de toute façon, pas d’une importance capitale aux yeux du sorcier qui est bien plus intéressé sur la condition de fantôme de Sam que sur ses états d’âme ; il regrette donc de ne pas pouvoir faire de conversation avec l’esprit colocataire de Peyton bien plus qu’il ne pourrait regretter les coups bas que ce dernier continue de lui faire à chaque fois qu’il passe la nuit dans l’appartement. « Je sais pas vraiment, mais je crois qu’il n’aime pas les hommes d’une façon plus globale. » Nicholas ayant eu droit à un traitement particulier lors d’une soirée organisée par les cousines Halliwell – ça, ou alors il n’aime pas les sorciers ce qui revient à peu près à la même chose. Pris de court par la nouvelle question, il hésite pendant une fraction de seconde avant de secouer la tête. « Non, pas vraiment, à peine deux mois. On a longtemps été amis. » Longtemps étant une notion particulièrement relative – longtemps, pour lui, parce que Peyton a été parmi les premières personnes avec qui il s’est lié d’amitié en débarquant à Oak Valley même si leur amitié, au final, aura duré tout de même moins longtemps que la plupart des relations qu’il a pu nouer à Poudlard. Il ouvre la bouche pour lui retourner une question, se rappelle qu’elle n’est en ville que depuis quelques jours et se ravise finalement. Il n’a jamais été bon pour faire la conversation, comptant toujours sur les autres pour mener tandis qu’il se contente de suivre et de répondre aux interrogations qui lui sont adressées.

Le regard accroché sur la télévision qui affiche une couleur inhabituelle, il fronce les sourcils. « Oh, » laisse-t-il tomber, parce qu’il l’ignorait, lui. Toutes les télévisions qu’il a vues jusqu’à présent ressemblaient à celle qui est à présent devant eux et il ne s’est pas intéressé à l’histoire moldues d’assez près pour avoir suivi l’évolution de leur technologie. Peut-être qu’il le devrait, finalement – non pas qu’il pense que ce soit réellement intéressant mais sa curiosité reste présente, malgré tout et malgré ce qu’il peut penser des moldus. Télécommande en main, il éteint et rallume, satisfait de s’apercevoir qu’une fois de plus, la solution miracle a fait son petit effet. « J’ai éteint et rallumé. » Il montre le bouton d’allumage présent sur le haut de la télécommande. « C’est généralement ce que je fais quand quelque chose ne fonctionne pas, c’est plutôt efficace. » Un combo appris de Peyton et ses cousines à force de le voir essayer d’utiliser la magie contre leurs ustensiles moldus sitôt que le four ou le mixeur ne voulait pas obtempérer. « C’est un bouton qui est présent sur tous les engins, » précise-t-il avec une œillade en coin pour Crystalia, surpris qu’elle ne le sache pas déjà. Pour une moldue, elle semble aussi perdue qu’il ne l’était lui-même à son arrivée – de quoi le rendre un peu plus suspicieux, les lèvres pincées alors qu’il l’interroge finalement. La réponse est rôdée, satisfaisante néanmoins et il acquiesce lentement, acceptant l’idée qu’elle et sa communauté n’ait pas suivi les évolutions technologiques tant bien que mal (il sait que ça existe, l’a lu dans un ou deux livres après avoir entendu certains de ses collègues parler de telles communautés reculées dans certains coins du monde). « Et vous arriviez à avoir tout ce dont vous aviez besoin, sans jamais manquer de rien ? » Il est légèrement dubitatif, Nott, mais s’efforce de n’en rien montrer – sans doute est-ce possible, de pouvoir vivre sans avoir de lien avec le monde extérieur, sans jamais avoir besoin de faire venir des ressources d’ailleurs. « Et le reste de ton village, ils ne sont pas venus ici avec toi ? » Un peu trop intrusif, peut-être, mais sans avoir l’idée de s’excuser pour les souvenirs difficiles que ses questions peuvent raviver ; il peut imaginer la peur dans laquelle Crystalia doit vivre, peut imaginer qu’être séparée de ses proches n’est pas forcément facile – il a eu du mal à s’y faire, lui aussi, alors qu’en dehors de Daphne, il n’a jamais été proche de qui que ce soit. Il se dirige vers la cuisine alors qu’elle lui retourne la question, en profite pour récupérer des verres et ouvrir les placards pour trouver quelque chose à boire qui ne soit pas de l’eau – ni l’un des cocktails de Peyton, peu certain de la réaction de Crystalia devant l’alcool. « Je suis arrivé il y a deux ans. C’était… Pas vraiment prévu, non plus. » Aussi soudain qu’incompréhensible, simplement réveillé un matin, dans cette ville des plus inconnues – et si loin de Londres. « Il y avait la guerre parmi… Mon peuple. Elle venait de finir mais ça a quand même fait des dégâts et ma famille… Disons que mon père n’était pas vraiment du bon côté de la guerre alors il s’est fait arrêter. » Enfermé à Azkaban où est sa place depuis des années et Nott, il n’a jamais vraiment su comment il devrait se sentir en sachant cela. Sa relation avec son père étant inexistante, brisée depuis que la mère du jeune sorcier ait été tuée, tenue à un fil parce que le fils refusait de rejoindre les rangs des Mangemorts. « Je n’avais pas de technologies, non plus. J’ai tout apprivoisé une fois arrivé et ça n’a pas été facile. » Il sort finalement une bouteille de soda et une de jus de fruit du frigo avant de tout déposer sur un coin encore non occupé de la table basse. « Sers-toi, je crois que Peyton doit avoir un sachet de pop corn quelque part. » Les placards ouverts les uns après les autres à la recherche du graal, habitude prise à force de se faire des movies nights avec la sorcière qui lui a assuré que les moldus adoraient grignoter en regardant un bon film.